Se souvenir des tournesols (2025)


NOTE MOVFLIX: 4/5

Réalisateur: Sandrine Mercier, Juan Gordillo Hildago

Genre: Documentaire


Synopsis officiel du film

Partir ou rester ? C’est le dilemme d’Anaïs, 17 ans, profondément attachée à son Gers natal dans le Sud-Ouest de la France et à ses amis de la fanfare. Son bac en poche, elle devra quitter sa famille et la vie à la campagne. Au fil de ce dernier été, Anaïs prend conscience de ce qu’elle aime et doit laisser derrière elle : la musique, les fêtes de village, la beauté des champs de tournesols… Mais comment avoir un avenir en pleine « diagonale du vide » ?


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Notre Critique et Analyse (L'œil de l'expert MOVFLIX)

L'Expérience | Une immersion solaire dans la France rurale

Se souvenir des tournesols pose une question aussi simple qu'universelle : "Should I stay or should I go ?" Cette chanson des Clash de 1982, entendue à trois reprises dans le film, résonne tout au long de ce documentaire toulousain qui suit pendant une année entière, de la taille des vignes en hiver aux vendanges automnales, des adolescents de Nogaro, petit bourg rural du Gers de 2000 habitants situé dans la fameuse "diagonale du vide".

Pour l'immense majorité des spectateurs, l'expérience se révèle profondément émouvante et touchante de façon positive. Le film constitue une véritable bouffée d'oxygène, une belle bouffée d'humanité qui fait un bien fou en ces temps moroses. L'immersion est totale dans ce Gers magnifique et ses campagnes remplies de tournesols. Les paysages sont superbement filmés, la lumière est sublime, les couleurs magnifiques. Pas de violence, pas de noirceur – juste un récit délicat qui aborde les défis du monde rural avec subtilité, poésie et justesse.

Le documentaire ne laisse pas indifférent. Chacun peut s'identifier à son niveau et faire une profonde réflexion sur son engagement au quotidien, constater sa place dans son entourage sociétal mais aussi géographique. On sort de la salle encore habité par la magie des fanfares, des "Bandas" et de ces musiciens amateurs passionnés qui luttent pour continuer à vivre et vibrer sur leur terre malgré toutes les difficultés. L'envie d'applaudir en rythme accompagne tout le long du film au son de l'encantada.

L'authenticité des personnages touche en plein cœur : Anaïs, la flûtiste romantique de dix-sept ans qui décide de partir étudier les langues étrangères à Pau après son bac, Thierry, le professeur de musique dévoué corps et âme qui dirige la fanfare municipale, Éric, le trompettiste-viticulteur combatif, et tant d'autres. À travers leurs parcours, le film invite à réfléchir à nos propres choix, à nos racines, à ce qui nous relie aux autres et à la terre.

L'Expertise | Un sillon peu novateur mais sincère

Se souvenir des tournesols s'inscrit dans une longue tradition de documentaires suivant des lycéens à un moment charnière de leur vie. Le film creuse un sillon qui n'a rien de très novateur : on ne compte plus les œuvres similaires comme "Chante ton bac d'abord", "Château rouge", "La Générale", "Allons enfants", ou encore récemment "Ce n'est qu'un au revoir" de Guillaume Brac. La thématique du retour aux sources et de l'interrogation sur le départ était également au cœur de "Partir un jour" qui ouvrait Cannes la semaine précédente.

Dans cette avalanche de films sur le même thème, Se souvenir des tournesols, malgré la joliesse de son titre et la sincérité évidente de ses personnages, peine à se distinguer vraiment. Le documentaire souffre d'un handicap paradoxal : son héroïne, Anaïs, est trop jolie, trop lisse pour le rôle. Rien sinon sa plastique parfaite n'a véritablement d'intérêt dans son personnage qui manque de profondeur et d'aspérités.

Plus problématique encore, le film semble ne pas savoir exactement ce qu'il veut démontrer ou montrer. C'est une succession de scènes et d'images dont le propos reste flou. L'œuvre ressemble davantage à une mise en valeur des Bandas et un hommage à un professeur de musique resté fidèle à sa terre qu'à un véritable documentaire sur la région. La question récurrente – ces jeunes souhaitent-ils rester vivre dans cette campagne ? – n'est jamais vraiment explorée en profondeur. Hormis jouer dans une banda, aucun autre loisir ne semble exister. Que font les jeunes qui ne sont pas inscrits à l'école de musique ? Le travail dans les vignes ou les champs est peu filmé, laissant une vision partielle et orientée de la vie rurale.

Le casting transpire certes la sincérité, les personnages sont rayonnants et touchants, mais le film manque d'une véritable structure narrative et d'un angle d'approche original. Sandrine Mercier, qui a grandi à la campagne avant de partir faire sa vie ailleurs, retourne interroger son choix en filmant son alter ego adolescent. Cette démarche personnelle, bien qu'honnête, ne suffit pas à donner au documentaire la profondeur nécessaire pour vraiment marquer les esprits au-delà du cercle local.

Verdict et Note Finale

Se souvenir des tournesols est un documentaire profondément clivant selon qu'on soit du Sud-Ouest ou non, selon qu'on se reconnaisse dans cette vie rurale ou qu'on en attende une analyse plus distanciée. Pour les habitants du Gers et ceux qui connaissent cette "diagonale du vide", le film constitue un portrait authentique et révélateur du bien-vivre dans nos campagnes. C'est un excellent moment, dynamique et émouvant, qui retrace de beaux paysages gersois, une ambiance festive entraînante et un attachement aux racines.

L'univers sonore est envoûtant, la photographie remarquable, et le film réussit à mettre en belle lumière des personnes simples qui œuvrent au quotidien. C'est un documentaire solaire sur la jeunesse rurale et ceux qui l'accompagnent, une œuvre non violente qui renvoie chacun à sa propre histoire. En ces temps moroses, cette bouffée d'humanité fait effectivement du bien.

Mais pour les spectateurs attendant une réflexion plus approfondie sur l'exode rural, sur les choix de vie des jeunes générations, sur la complexité de ces territoires oubliés, la déception peut être au rendez-vous. Le documentaire reste en surface, privilégiant l'esthétique et l'émotion à l'analyse. On peut s'ennuyer devant cette succession d'images jolies mais répétitives, cette célébration un peu superficielle d'une culture locale sans véritable questionnement critique.

Au final, Se souvenir des tournesols est un film de territoire qui touchera profondément ceux qui y vivent ou qui en sont originaires, mais qui peinera à convaincre au-delà. Une belle carte postale animée plutôt qu'un documentaire vraiment percutant.

Note : 4/5 - Un documentaire sincère et visuellement réussi, mais qui manque d'originalité et de profondeur dans son propos, malgré l'authenticité touchante de ses personnages.

Où regarder Se souvenir des tournesols

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La bande-annonce de Se souvenir des tournesols

Trailer

Publié le: 1/13/2025 | Dernière mise à jour: 12/27/2025


Film Se souvenir des tournesols

Fiche Technique du Film

Réalisation: Sandrine Mercier, Juan Gordillo Hildago
Pays de production: France
Genre: Documentaire
Durée: 1h 27min
Sortie: 5/14/2025

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